Lettre nº 1: Penser historiquement
En 1994 Pierre Vilar décida lui-même de choisir le titre de son dernier ouvrage : Penser historiquement (édition catalane à Valence, Edicions 3i4, 1995 ; édition castillane à Barcelone, Editorial Crítica, 1997). C’était un livre composé à partir des réflexions et des souvenirs de sa formation en tant qu’historien.
On connaît moins le fait que Pierre Vilar avait donné ce même titre à une conférence prononcée à Avila, en 1987, pour la clôture de l’université d’été de la Fondation Sánchez Albornoz. Dans ce texte, que l’Atelier a décidé de mettre en ligne (dans les trois langues de notre site), Pierre Vilar réagit suite à la lecture d’un éditorial du journal Le Monde, intitulé « Pour l’histoire », qui faisait référence au procès de Klaus Barbie. Attention : il ne s’agit pas de la réaction d’un intellectuel médiatisé devant l’injustice historique, mais de la réaction sereine et réfléchie d’un historien face à la manière dont un fait historique est expliqué et interprété par un média. Il s’agit, nous semble-t-il, d’une forte revendication du métier d’historien, qui existe non pas pour juger l’histoire ni pour justifier le présent, mais pour analyser et rechercher ce qui dans le passé permet de comprendre ce présent.
Depuis, beaucoup d’évènements, dans plusieurs pays du monde, ont remis sur le devant de la scène toute la complexité des relations entre l’histoire, la mémoire, la justice et la politique. Les historiens n’ont pas toujours réagi face à la manipulation volontaire de la connaissance historique qui a été opérée durant ces épisodes, ou lorsqu’on a tout simplement mis en cause le métier d’historien.
Comment expliquer cela ? Les promoteurs de l’Atelier Pierre Vilar voudraient ouvrir le débat et la réflexion, en se servant notamment du texte de Pierre Vilar de 1987, que vous pouvez télécharger sur le site. Tous les commentaires seront les bienvenus.
« Penser historiquement » (Clôture des Cours d’été de la “Fondation Sánchez Albornoz ») 30 juillet 1987 (Ávila)